LA TRANSSEXUALITÉ EN THAÏLANDE
QUI SONT LES TRANSSEXUELS DE THAÏLANDE ?
Cependant, une grande majorité du 3ème sexe reste sans emploi malgré une reconnaissance sociétale très récente. À Bangkok, Phuket, Chiang Mai ou Koh Samui, il n'est pas une journée sans croiser un ladyboy. Les plus modestes d'entre eux se rabattent vers les métiers de la nuit et notamment ceux liés au tourisme sexuel. Aujourd'hui, les katoeys font partie intégrante de la vie nocturne délurée de Thaïlande. Ils font sourire les familles de touristes étrangers et sont véritablement devenus des acteurs incontournables de tous les quartiers chauds du pays. D'autres voyageurs plus axés sur la bagatelle n'ont d'yeux que pour eux et sont prêts à sacrifier une partie de leur budget vacances pour satisfaire leurs fantasmes et permettre ainsi à ceux qui le désirent d'accéder plus facilement à la chirurgie esthétique.
Ça commence généralement par quelques injections de botox, viennent ensuite l'inévitable implantation mammaire et la rhinoplastie. Les plus motivés continueront sur leur folle lancée en pratiquant une vaginoplastie. Pour certains d'entre eux, la prostitution n'est que provisoire, elle est l'unique moyen de financer leur transformation. Une fois leur but atteint, ils pourront continuer leurs parcours vers des horizons moins funestes.
LA THAÏLANDE, SPÉCIALISTE DE LA VAGINOPLASTIE
Le docteur Preecha Tiewtranonth, célèbre chirurgien spécialisé dans les techniques du genre, estime non sans fierté, que la Thaïlande serait la destination la plus appréciée pour les personnes souhaitant changer de sexe.
Les candidats transsexuels devront respecter plusieurs obligations avant de pouvoir subir un changement de sexe, afin de montrer qu'ils y sont psychologiquement prêts. Ils devront ainsi prouver qu'ils ont vécu comme une femme depuis au moins un an, recevoir un traitement hormonal et obtenir l'approbation de 2 psychiatres.
Le changement de sexe est interdit en Thaïlande avant l'âge de 18 ans, et pour les 18-20 ans, un accord parental est nécessaire. La nouvelle législation, selon Nathee Teerarojanapong (défenseur des droits des homosexuels), était nécessaire afin d'éviter des changements trop hâtifs.
ET BOUDDHA DANS TOUT ÇA ?
L'hermaphrodite et le mythe : Il est tiré d'un manuscrit bouddhiste basé sur la mythologie Lanna (civilisation du nord de la Thaïlande, avant de faire partie du Royaume de Siam) : "...Au tout début, était le froid et le chaud. Se nourrissant l'un de l'autre, ils formèrent le vent qui souffla si fort qu'il donna naissance à la terre et à l'eau. Vinrent ensuite les plantes et les arbres, puis les insectes. De la terre, naquit une femme, contrairement à l'histoire d'Adam, dans la légende Lanna, l'homme est né de la femme. Le parfum des fleurs était sa seule nourriture. Mélangeant sa sueur à la glaise, elle moula les animaux qui mangèrent les plantes et se multiplièrent. Du feu naquit l'homme. De l'union de ces éléments, apparurent 3 êtres : l'homme, la femme et l'hermaphrodite..."
Le bouddhisme dans les écrits ne régule pas la vie sexuelle des croyants. Seules 2 prescriptions sont formellement édictées : l'interdiction de l'adultère et l'abstinence pour les moines. Les autres cas ne sont pas évoqués.
Dans la tradition thaïlandaise, les relations sexuelles pré-maritales étant mal perçues, la socialisation se faisait naturellement avec des individus du même sexe. Dans les milieux ruraux, où il était impossible de trouver une prostituée, il était alors préférable de fréquenter un katoey plutôt qu'une jeune femme, dont la réputation aurait été perdue si la liaison avait été découverte. Qu'un célibataire côtoie un katoey était toléré dès lors qu'il abandonnait ces pratiques après le mariage...
FAUX-SEMBLANT D'INTÉGRATION
À la télévision, les ladyboys sont souvent caricaturés en personnages extravagants et stéréotypés. L'attitude des Thaïlandais envers les katoeys varie selon la classe sociale, l'age, le sexe et la situation géographique. Les réactions vont de l'acceptation totale à la tolérance, de l'indifférence au rejet (plutôt rare). Les ladyboys ne souffrent donc pas vraiment de malveillance ou de moqueries, les jugements personnels n'étant pas souvent exprimés de façon ostentatoire en Thaïlande. En revanche, les problèmes peuvent intervenir dans la sphère plus étroite de la famille ou des amis proches qui peuvent éprouver de la honte ou de la gêne en leur présence. Sur le plan religieux, le bouddhisme ne condamne pas ouvertement la transsexualité ou l'homosexualité, pas vraiment considérées comme des péchés (contrairement aux convictions du catholicisme et de l'Islam). Cependant, pour beaucoup de Thaïlandais, naître katoey est une question de "karma". Ce serait une punition pour avoir commis l'adultère dans une vie précédente... Une façon de payer les dettes d'immoralité de son passé. C'est peut-être aussi pour cela que le regard des Thaïlandais envers les katoeys est plutôt bienveillant en général.
Le chemin vers la reconnaissance semble encore long. Objets d'attractions touristiques et de rejet traditionaliste, les katoeys continuent de souffrir d'une image stéréotypée qui les marginalisent dans un faux-semblant d'intégration.
À l'école, sont dorénavant installées des toilettes spéciales pour katoeys, afin qu'ils ne soient plus malmenés par les autres.
Impossible de faire un article sur le sujet sans parler du grand champion de muay thaï Parinya Kiatbusaba, qui provoqua le monde viril de la boxe en montant sur le ring avec un soutien-gorge ! Cette histoire à l'époque avait été largement relayée par la presse internationale. Une action qui a marqué l'histoire de la transsexualité thaïlandaise et dont l'impact a eu des conséquences capitales dans la vie de tous les ladyboys du pays. Il fallait désormais que le gouvernement ouvre les yeux sur le droit des katoeys et les admette socialement.
Le 29 septembre 2011, le gouvernement annonçait qu'il serait désormais possible pour les katoeys de voir le genre “Mademoiselle” affiché sur leur carte d'identité. Est-ce un pas vers la reconnaissance sociétale refusée durant des années ou une manoeuvre politicienne pour récupérer des électeurs ? Quoi qu'il en soit, l'exécutif thaïlandais avance toujours au ralenti dès qu'il s'agit de sexualité. Faudrait surtout pas affoler la haute bourgeoisie et l'aristocratie de la citée des anges...
LES SPECTACLES ET CABARETS DE LADYBOYS
Si ces charmantes créatures vous fascinent à en perdre raison, sachez que le quartier de Bangla road à Patong est le royaume des ladyboys à Phuket. Ailleurs dans la ville, vous ne pouvez pas les manquer à leur façon quasi-irréaliste de se tortiller l'arrière train. Attention, les katoeys sous leurs airs doucereux ne sont pas tous des enfants de coeur, il y a un taux de délinquance non négligeable parmi ceux qui se prostituent.
Vous pouvez découvrir différents cabarets à Patong, le plus connu étant le "Simon Cabaret".
La capitale thaïlandaise (voire mondiale) du ladyboy est bien évidemment Pattaya. Vous y croiserez sur les bords de mer, dans les rues, les bars, gogo bars, cabarets et boîtes de nuit plusieurs centaines de transsexuels.
Les concours de beauté : véritable institution en Thaïlande, le cabaret Tiffany organise chaque année depuis 35 ans, le concours de Miss Tiffany, réservé au 3ème sexe. L'événement est retransmis sur les chaînes thaïlandaises et activement suivi par la population.
COMMENT RECONNAÎTRE LES LADYBOYS THAÏLANDAIS ?
- Leur gabarit est certainement le premier élément qui peut faire penser que vous êtes en présence d'un ladyboys : nombreux d'entre eux font plus d'un mètre soixante-dix et quelques uns sont anorexiques.
- Leur boîte crânienne est généralement plus volumineuse que celle des femmes.
- Certains ne parlent pas beaucoup, ou très doucement... Peut être cherchent-ils à cacher leur voix de baryton-basse ?
- Oubliez la présence ou non de la glotte, l'opération consistant à la raboter est devenue pratique courante.
- L'épaisseur ou plutôt la "surcouche" de fond de teint.
- Méfiez-vous des chaussures à talons hauts ! Sans vouloir démystifier le charme des Thaïlandaises, il faut admettre que les filles d'Issan traînent tellement des pieds quand elles marchent, qu'elles ne peuvent chausser que des savates...
- L'excès dans la gestuelle, la façon de parler, de se maquiller, de s'habiller...
- Leur tendance exhibitionniste... Rarement une vraie fille de bar en Thaïlande, exhibera une partie de son corps en public.