Mon grand plaisir lorsque j'étais gamin, était d'aller fouiller le grenier de mes grands parents en quête de d'éventuels trésors. Mes trouvailles les plus réjouissantes furent sans conteste aucun, d'énormes boîtes remplies de photographies datant du tout début du 20
ème siècle. Je pouvais alors passer des heures à observer ces tirages soignés, pour la plupart " contacts " (puisque les négatifs étaient des moyens formats) aux bords souvent dentelés et restés dans un parfait état. Je passais allègrement de clichés de mes arrières grands-parents pendant la première guerre à ceux de mes grands-parents pendant la seconde et à l'époque plus proche de mes parents dans les années 50-60, sans pour autant apprécier à sa juste valeur le fort potentiel historique et symbolique de ces documents. Durant ces après-midis, je traversais ainsi les époques en entraînant avec moi, tous les membres de la famille présents, captivés par mes découvertes argentiques.
Ces divagations infantiles inconscientes ont fait naître chez moi une véritable fascination pour la photographie qui a toujours tenu une place prépondérante dans mon parcours.
Mis à part la musique, le cinéma, la littérature et la randonnée, rien ne m'offre autant d'émotions, d'intérêts et de satisfactions que la photographie, dans sa pratique ou sa contemplation.
Les 2 Français Nicéphore Niepce et Louis Daguerre sont les 2 inventeurs de la photographie entre 1824 et 1837 et le tirage photographique le plus ancien " point de vue du Gras " a été réalisé par Nicéphore Niépce en 1827. On pourra donc fêter le bicentenaire de la photographie, très prochainement.
La photographie numérique s'est réellement imposée au début des année 2000 parallèlement au développement d'internet et des réseaux sociaux.
L'apparition et le succès fulgurant des smatphones va ensuite propulser la photographie numérique. Chacun peut aujourd'hui acquérir un smartphone doté d'un appareil photographique à haute résolution pour un prix accessible. Notre rapport à la photographie est désormais radicalement bouleversé. Selon
un article de RadioFrance : " ...
Chaque jour, 638 millions de clichés sont pris au smartphone en Europe de l’Ouest (Futuresource Consulting). Soit autant ces trois dernières années que depuis l’invention de la photographie... "
La pratique de la photographie n'a plus rien d'atypique et ne nécessite aucune connaissance technique ou artistique. La dématérialisation des supports et la profusion d'images ont aujourd'hui engendré sa banalisation. Ne voyez pas dans nos propos une quelconque amertume. Au contraire, le fait que nos congénères profitent de cet accès libre et peu onéreux nous semble être de bonne augure, plus la photographie est mise en valeur, plus nous nous réjouissons même si certains résultats et emplois nous semblent déplorables et pathétiques...
Le vrai danger concerne la fiabilité des supports numériques. Que deviendront CD, disques durs dans une vingtaine d'années ? Les techniques argentiques ont passé les épreuves du temps avec succès (plus de 200 ans), qu'en sera t-il du numérique ?
Les spécialistes s'accordent à dire que la trace argentique pourra encore traverser quelques siècles alors que la plupart de nos premiers CD sont aujourd'hui déjà obsolètes... Cela signifie que l'album photo de nos grands-parents survivra tandis que le stock de notre smartphone est voué à partir aux oubliettes. Notre progéniture n'aura quasiment aucune trace photographique de sa petite enfance. Les ethnologues des prochains millénaires seront confrontés à un véritable désert photographique et devront se contenter des témoignages de ceux qui ont pris le soin de sauvegarder constamment leurs photographies sur différents supports.
Vous me direz : " quelle importance, étant donné l'utilisation de la photographie depuis l'avènement du téléphone intelligent et des réseaux sociaux ? "
Je ne vous contredirais pas, il est en effet consternant d'observer la misère intellectuelle et artistique de ce contenu sans consistance ni authenticité.
Koi Somboon, migrant chinois devenu exploitant d'étain à Phuket en 1902